bg

15/01/2024

L’accident, je ne l’ai jamais maudit, pas une seconde, même pendant son déroulement. Bien m’en a pris. J’ai aussitôt interprété l’événement comme un baptême, autrement dit l’immersion dans une réalité neuve, pouvant avec mon assentiment devenir féconde voire heureuse. Déjà, donc un mois plus tard seulement, cela se confirme. Me voici entrée dans une liberté que je ne soupçonnais pas, et ceci à plus d’un titre.

Je dépense moins, alors que mon véhicule n’est qu’immobilisé pour le moment et que cela ne me fait encore économiser que l’essence. J’ai l’impression que la voiture, multipliant les occasions, pousse à la dépense, ne serait-ce que parce qu’elle évite de porter, ce qui dans mon cas, avec bras cassé à vie non soutenu par la plaque qui le consolidait, est exclu. Je suis amenée à réduire mes achats. J’en viens aussi à me dire que plus on consomme, plus on consomme, et que, moins on consomme, moins on consomme.

Mes relations ont changé. Je prolongeais par fidélité heureuse la forme de certaines rencontres, me déplaçant beaucoup pour elles. Je vois qu’en face on n’est souvent pas prêt à trouver une solution médiane. La relation est donc appelée à prendre un autre cours. C’est décapant et … vivifiant.

Le tram, le bus, la marche, c’est plus de temps dans mes déplacements, les trajets étant rallongés et les attentes multipliées, parfois longues. Ce rythme, surtout par la marche, entre dans mon corps. Mes gestes au quotidien sont moins speedy. Le stress se détend. Je vis mieux. Qui plus est, cela me fait retrouver, avec compréhension plus fine, les écrits du sociologue et philosophe Rosa Hartmut.

Amenée à remanier mes journées pour soutenir un effort plus physique, outre mes deux heures de sport quotidiennes qui demeurent, je revois mon alimentation, me donne d’autres rythmes pour elle, prends plus de sommeil, suis plus attentive à mon bien-être. Je découvre là un soin de soi délicieux, qu’enfin je m’autorise. Je me brutalise de moins en moins et cependant ne cède pas en exigence envers moi.

Ce ne sont que les premiers apprentissages, en temps d’hiver venteux et par grandes pluies. Viendront vraisemblablement d’autres découvertes, dans l’utilisation judicieuse des transports en communs pour quelques escapades d’ici quelques mois.

Heureux baptême que cet accident sans dégâts corporels pour personne !

fleur2