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06/12/2023

Au volant de ma voiture à l'arrêt, j'attends tranquillement au drive du Mc Do le hamburger tout simple qu'il m'a paru raisonnable de prendre rapidement, pour tenir, avant mes cours de français à la Maison d'arrêt, très froide, avec cinq détenus en isolement rencontrés successivement cet après-midi là. 

Soudain, sur ma droite, un 4/4 fou - le véhicule est fou, pas le conducteur - fonce en marche arrière sur ma petite Smart, à hauteur de portière. Sur ma gauche, il y a un mur. Je comprends aussitôt que le char d'assaut va m'emboutir et me plaquer contre ce mur, que je vais mourir écrasée par cette masse de métal et ce mur. 

Grand bruit, voiture percutée et soulevée ; grand bruit, voiture projetée vers le mur ; brusque arrêt, grand silence. Je reste deux secondes immobile puis tâte mon corps. Intact semble-t-il. Les témoins viennent à moi, blêmes, en état de choc. Une jeune femme pleure. 

Pas de mort, pas de blessé grave. 

L'état de mon véhicule dit à quoi j'ai échappé : les deux portes, le capot, le pare-choc avant sont défoncés, un pneu a éclaté, la direction est faussée. 

Pas une seconde je n'ai maudit l'événement. J'ai été sidérée par le fait de réchapper, reconnaissante de n'être pas morte écrasée - morte soit, mais pas écrasée ! - et de ne pas être désormais handicapée. J'ai compris que je n'aurai plus de voiture, que donc ma vie serait remaniée, mais je n'ai pas dit de mal de tout cela, à aucun moment. 

Heureusement ! Je m'en voudrais maintenant, parce que je suis plus convaincue que jamais que ceci sera pour mon bien, pour une grande liberté.

fleur2