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31/07/2021

En la maturité, pour avoir choisi d’épouser, charnellement !!!, mon célibat d’abord refusé et haï, j’ai aussi choisi d’aimer ma solitude, radicale. 

En ma retraite, je veux faire de la privation de ma vie professionnelle un approfondissement de cette solitude, vécue d’abord encore dans la cité, en béguine, puis plus tard en recul.

Ce n’est pas pour fuir ou pour rejeter, mais au contraire aimer, aimer autrement. Comprenne qui pourra. Il est d’autres façons de faire et de faire juste, c’est ma façon à moi.

Je veux cette solitude - qui selon les statistiques touche 19 % des Français, soit 7 millions de personnes (déclarées !), donc un Français sur cinq, et 24 % des plus de 60 ans, soit un senior sur quatre, ce que l’on appelle la « mort sociale » -, avec ! Une solitude avec ? Qu’est-ce à dire ? 

Je crois qu’il est un « seul/e avec ». Oui ! Mais c’est alors un « avec » autre et autrement que ce que nous envisagerions spontanément. 

En ce qui me concerne il est et reste à réaliser. J’habite bien, déjà, mes jours et mes nuits. Le silence volontiers maintenu alors que j’aime la radio signale que tout se passe bien en moi. Les autres me parlent beaucoup, de toute couleur, de toute culture, de toute religion y compris athée ou agnostique, de toute classe sociale et de tout âge, homme ou femme, dans la rue, depuis leur jardin, dans les commerces, sur leur lieu de travail ou de passage ou de loisir. C’est jovial, parfois drôle, souvent grave et doux, toujours respectueux, complice dans une sorte de tendresse distante. On me dit sa peine ou sa colère, son frémissement de joie aussi, ou son attente. Chacun me bénit à sa façon. Tous me donnent là de quoi vivre. D’aucuns, faisant parfois grand chemin pour me rejoindre prennent un expresso avec moi dans un café ou viennent dans mon appartement et nous parlons tous deux/toutes deux ensemble trois heures fortes durant. Naissent en ce lieu des rencontres de lecture à voix haute ou de silence devant une icône. Ce sont des groupes « deux ou trois en mon nom ».

L’ « avec » autrement me semble pour moi encore à réaliser selon deux démarches en attente. Manque en effet la lettre quotidienne que je veux écrire en retraite. Fait également défaut le temps régulier avec les autres perdue dans un groupe, présence silencieuse à la façon de Taureau assis, selon laquelle je suis là juste pour être mêlée à, quel que soit le lieu. 

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