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23/09/2019

Mon arrière grand-père, du côté paternel, était boulanger aux Shetland, le dernier avant le pôle Nord en ce temps-là tout de glaces.

Les navigateurs s’arrêtaient chez lui avant la traversée, pour le ravitaillement en pain et pour d’ultimes achats en matériel de navigation. Ensuite, ce ne serait plus possible.

C’est ainsi que mon grand-père se lia d’amitié avec le capitaine du Pourquoi pas ?.

J’écoute ce passé qui vit en moi pour moi. « Oui, Capitaine, pourquoi pas ? J’opte pour votre bel optimisme, un optimisme fou, très sage. Je le fais mien. » Alors, pour ma vieillesse déjà doucement commencée, j’ai un beau projet et même de folles ambitions. Pourquoi pas ?

Prendre douce patine, vieillir avec grâce, devenir légère comme bulle irisée qui s’effacera dans un éclat de rire ou de lumière, sera bon voyage.

S’asseoir discrètement avec d’autres, tolérée, seule chevaucher Ballade au galop, le blanc cheval tout en son enstase et pourtant lancé, demeurer silencieusement contemplative, et interrogative, devant la Porte mystique, respirer le jardin d’Eve restitué en une floraison d’amandiers sur fond d’or, ce sera grand voyage.

Aller remercier à Cologne la Vierge noire énigmatique et à Copenhague la Petite Sirène bien modeste, à Kaysersberg le grand Christ au regard naïf qui ne comprend rien, ce sera bon voyage.

Entrer seule dans le Temple comme la Reine Néfertiti, connaître l’intelligente retraite parfumée de Marie Madeleine en la Sainte Baume, vivre la tente du désir comme la Dame à la licorne et poursuivre, au-delà des palais de l’âme, dans les grands ciels moirés ce sera, c’est toujours, périlleux mais doux voyage.

Et « pourquoi pas ? » Oui, allons ! Je vais !

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