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02/05/2022

D’aucuns invitent la beauté tout au long de leur existence, aux heures publiques et aux heures cachées, dans les moments propices et dans la pénurie, dans l’extraordinaire et dans la banalité, donc jour après jour, à tout moment, du café encore étourdi avant l’aube jusqu’en l’entrée en sommeil, le lit, fût-il de camp, se faisant alors couche royale. 

Selon le mot de Rilke, ceux-là « inventent d’autres fêtes ». Elles sont perpétuelles et sans fin en leur humilité même, peut-être grâce à cette humilité, fière sans une once d’orgueil, toute de service : feuille d’automne sur le plateau de la cantine ; clef de la voisine rendue à son retour de vacances jointe, dans un petit sachet d’organdi, à un minuscule boitier de fard à paupière doré ; dessin rapide à main levée sur la lettre administrative en partance vers le fonctionnaire invisible et, à jamais, inconnu … 

La beauté, parce que vous l’avez ainsi librement toujours invitée chez vous, sans arrière pensée aucune, sans recherche de quelque profit que ce soit, en vient à s’inviter d’elle-même, surtout aux heures redoutables.

Elle a si souvent fait le chemin vers vous qu’elle le connaît ! La voici ! Ce n’est pas une copine, mais elle ″débarque″ à temps et contretemps, s’installe chez vous en votre absence puisqu’elle a repéré où est la clef de votre appartement, et vous attend. J’ose croire qu’elle sera même là à notre mort, faisant d’elle une heure bleue. 

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