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Evelyne Frank

16/03/2022

Le texte de Péguy, Eve, lu pour moi-même en mon anniversaire de baptême comporte aussi ceci que je connais bien : « Et moi je vous salue ô la première femme / Et la plus malheureuse et la plus décevante ». Ces vers ont ce jour-là comme toujours attiré mon attention mais sans provoquer la douleur ancienne qui est mienne, sans rien éveiller du tout, semblait-il. Sauf que….

 

Hier, je marchais détendue au soleil quand je débouchai sur une rue qui n’était plus rien d’autre que la floraison blanche, sur fond de ciel bleu, de ses cerisiers bourdonnant d’abeilles. Je levai les yeux, et contemplai, reconnaissante.

En même temps, je ne pouvais jubiler, comme je l'aurais voulu. Non, je ne le pouvais pas, et ceci sans souci particulier, sans douleur précise. Je me dis que pour la Vie - Le Jour, Dieu s’il existe -, je devais être en cet instant bien décevante…

Or, pour la première fois de mon existence, je me dis : « Et alors ? »

Je reste avec cela qui demeure aujourd’hui, qui insiste aujourd’hui. Je décide de le garder tout au long de ma journée en arrière plan de mes activités, dans ma réflexion, dans ma prière. Je pressens que c’est précieux, à ne pas sous-estimer. Je vois bien que c’est pour une plus belle liberté, plus fière et plus respectueuse des autres.

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