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28/08/2025

Quand je me retourne sur le passé, je constate que, pour le moment, j'ai dans ma vie franchi par rapport à l'angoisse les étapes suivantes. 

Dans la jeunesse et la première maturité, je  voulais supprimer mon angoisse. J'ai combattu de toutes mes forces pour la soigner. En vain. Elle est aujourd'hui encore chronique, sait encore se faire parfois térébrante. Mon souffle demeure silencieusement haletant.

Dans la pleine maturité, j'ai reconnu que je ne "sortirai pas l'angoisse de moi" et j'ai choisi de l'aimer, sans complicité aucune cependant avec elle, jamais. 

L'aimer ? Oui, j'ai voulu et continue de vouloir aimer mon angoisse pour son honnêteté, pour la force et l'intelligence et la sensibilité magnifiques qu'elle me contraint à faire sourdre du plus profond de moi et à injecter dans tout ce que je fais, qu'elle me contraint aussi à mobiliser constamment pour l'invention du vivable, voire du vivant en dépit de tout, qui effectivement pétille dans mon quotidien. Je suis reconnaissante envers l'angoisse pour tout ce qu'elle affine en moi en matière de conscience et d'empathie . 

J'espérais aller plus loin. Me sentant comme une amputée du bras parvenue à intégrer le nouveau schéma corporel, parvenue à ne plus déplorer d'avoir un bras en moins, parvenue à n'en vouloir à personne pour la situation, travaillant avec joie à l'invention perpétuelle de la beauté "façon déesse de Milo" et déployant une autre dextérité, j'ai cherché – et pourquoi pas ? - aussi à  me libérer de la douleur du membre fantôme, ce qui restait et reste à faire. Je comptais sur l'âge. Bien accueilli, ne donne-t-il pas  expérience et sagesse. J'ai, en mon dernier « triduum » difficile, compris que ce ne sera pas. Le "membre fantôme" se fait et se fera toujours sentir. 

J'ai là un deuil à faire, encore un. Je choisis de ne pas en être abattue. Je choisis de vivre cette prise de conscience comme la possibilité d'entrer dans un nouveau commencement. « Nouveau commencement » est un pléonasme, ici voulu. 

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