bg

02/06/2024

Il y en a beaucoup.

Pas forcément par des adultes intentionnellement malveillants, ils ont été tellement abîmés, dès leur naissance, en leur enfance, leur adolescence, que c'est irrémédiable.

Dans ses ouvrages, Boris Cyrulnick parle des tracés de destruction en leur cerveau, à vie. Ce sont des écorchés vifs, des crucifiés. Souvent, on ne s'en doute pas parce qu'ils ont honte et se cachent. 

Je les rencontre parmi mes proches et mes amis, parmi les détenus en parloir de Maison d'arrêt, parmi des élèves, parmi des gens en Ehpad tandis qu'affleurent leurs souvenirs. Ils sont pour moi, en mon for intérieur, « eux ». Mais je fais partie de ceux-là, sauf que j'ai eu la chance dans la petite quarantaine de ressusciter, aidée par beaucoup, et que j'ai la chance aujourd'hui d'être interpelée par d'autres qui à leur insu contrebalancent ce que Christophe André nomme la « boiterie de l'âme ».  

Puissions-nous ne jamais juger le frère en humanité sur notre chemin. 

Que savons-nous de la crypte au fond de son être, du secret de ses combats ? Que savons nous de ses réveils surhumains chaque matin, de ses journées au quotidien sans fin, de son épuisement chronique et du sursaut qui le rassemble alors dans un courage éperdu ? 

Que savons-nous de notre propre détresse et de notre propre courage ?

fleur2