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04/12/2022

Je suis sur le qui vive à mon égard et ce n’est pas inutile, pour bien des raisons. L’humain est toujours fragile.

S’il pose le pied sur la première marche de la spirale vers le bas, celle-ci l’emporte impitoyablement comme un toboggan. Tout humain connaît des heures de vulnérabilité collective, à certaines périodes de l’année et dans le partage de l’histoire vécue en sa génération. Sans être lunatiques, nous avons des cycles du corps qui infèrent sur le psychique. Le psychisme lui-même a ses rythmes, conscients et inconscients, qui infèrent sur le corps. Chaque étape de la vie a ses crises et, moi, je suis dans celle, souvent sous-estimée avec ce qui en résulte de complications, de l’entrée en retraite. Oui, je fais bien de maintenir la vigilance.

Mais je suis aussi sur le qui vive à mon égard parce que je me vois fragile psychiquement. Ce n’est peut-être pas fondé, relève peut-être de ce que l’on appelle aujourd’hui une fausse croyance. Voyons. Oui, voyons ! C’est le cas de le dire !

Fragile, déséquilibrée, pas normale, devant consulter ? C’est ainsi que l’on m’a perçue adolescente et jeune adulte. C’est ainsi qu’on me regarde quand je bouscule un tabou et quand je vis autrement.

Ce regard des autres, je sais l’avoir intériorisé et je sais aussi pourquoi. La génétique et les circonstances me ″déterminaient″ aux problèmes psychiques et je me suis, à juste titre, dès mes seize ans interrogée quant à ma sensibilité. Ma façon de vivre, je la vérifie évidemment constamment, par honnêteté intellectuelle - comme tout le monde, je suppose - , ne prétendant pas avoir seule raison contre tous. Pourtant, c’est parfois le cas… et alors il s’agit d’oser le croire.

Depuis des années maintenant, je sais que ma sensibilité est belle, que mon ressenti est sain, que je vais bien, miraculeusement bien en regard du vécu traversé. Les psy depuis plus de vingt cinq ans le confirment voire s’en émerveillent. Depuis des années maintenant, je sais pouvoir et devoir juger par moi-même.

Non seulement je sais, mais j’aime, depuis des années maintenant, ma vie et celle que je suis en elle, vulnérable et forte, forte et vulnérable. J’éprouve un profond respect pour ma fragilité, que je sais participer de ma dignité. J’estime le chemin parcouru. J’ai conscience du courage que cela représentait et représente.

Alors ?

Une voix continue de me soupçonner voire de me dénigrer en certaines heures.

Trop facile de dire encore à mon âge que c’est la voix des autres. Il est grand temps de suivre ma voix, ma voie. Je le fais en règle générale. Mais il est des moments de déstabilisation.

Ce soir, j’en entrevois la cause sous-jacente et au dénigrement de ma santé mentale et aux sentiments de culpabilité : je me vois quand même encore comme ils me voyaient, alors qu’ils se trompaient, projetant sur moi leurs propres déséquilibres ou leurs peurs. A moi de déchausser ces lunettes déformantes !

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