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22/08/2021

Je m’esquive quand je sens que les choses “tournent autour” de moi. Non que j’en sois gênée, je n’en ai simplement pas envie. Si l'on m'aimait pour moi-même, cela m'agacerait. Mon bonheur relationnel, c'est quand l'autre s'intéresse à ce vers quoi je fais signe.

Je fais signe - comme l’autre, je suppose - pas pour imposer, pas même pour partager, juste pour faire signe, dont chacun disposera à sa guise ou plutôt selon son désir et ce qui est sa vie à lui en plénitude.

C'est pourquoi je me sentais si bien dans l'exercice de ma profession, l'enseignant s'effaçant. C'est pourquoi la joie des lecteurs et lectrices m'est si précieuse : ils lisent pour eux et discernent, eux ! C'est pourquoi j'aime cette remarque d'un ami avocat, donc “spécialiste” de la parole : “Quand vous parlez, l'expression est plus que ramassée. C'est abrupt. Après, je me dis que j'aurais dû vous répondre ceci ou cela. Mais c'est mieux que votre propos ait été si bref parce que je m'en empare et j'en ai ensuite pour des heures de réflexion, ce qui n'aurait pas eu lieu si j'avais pu vous répondre aussitôt.”

Mon bonheur relationnel ressemble donc beaucoup à ce qu’évoque Nietzsche dans son Zarathoustra au chapitre Intitulé « De l'ami », même s’il note là, avec finesse : « La femme n'est point encore capable d'amitié : elle ne connaît que l'amour ». Je crois que je comprends... Souvent, oui, c'est le cas, mais pas toujours. Il est des femmes capables d'amitié. Je crois aussi, à condition que l’ambition du laisser libre demeure, qu'il vaut la peine d'essayer de mettre en œuvre ce que les femmes essaient beaucoup de vivre aujourd'hui et qui est autre et qu'elles appellent sororité.

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